Borloo, contre le sarkozysme durable ?

Jean-Louis Borloo est ami de la terre entière, car c’est un grand écologiste. Copain de classe de Vincent Bolloré, qui deviendra l’excellent ami de Sarkozy, il aura embrassé pêle-mêle, et entre autres, Michel Coencas, Bernard Tapie, Patricia Barbizet — numéro 2 du groupe Pinault —, Baudouin Prot — directeur général de BNP Paribas —, Henri de Castries — président du directoire d’AXA —, Jean-Charles Naouri — patron de Casino. Et il reste un proche de toutes ces excellentes personnes.
Borloo, donc. Avant de faire ministre de l’Écologie, Jean-Louis — tout le monde l’appelle Jean-Louis, tout le monde le tutoie — a été l’un des avocats d’affaires les mieux payés au monde, selon le magazine spécialisé Forbes. Normal. Dès le début des années 1980, époque où la gauche réhabilite le capital et les «entrepreneurs», Borloo rachète ou aide à racheter des boîtes en faillite. Deux coups de Ripolin, et l’on revend beaucoup, beaucoup plus cher.
Pour bien réussir dans ce domaine, il faut connaître les tribunaux de commerce, et tutoyer. Borloo fait la rencontre de deux esthètes tutoyeurs, Tapie d’un côté, Coencas de l’autre. L’un de leurs points communs, c’est qu’ils finiront en taule. Tapie pour avoir truandé le match de foot Valenciennes-Marseille de 1993. Et Michel Coencas pour un nombre impressionnant de carambouilles. Mais Borloo a pour lui les yeux de Chimène: «Michel a toujours eu les RG sur le dos, mais c’était le seul capable d’arriver sur un coup de téléphone pour reprendre une fonderie1.»


Ni vu ni connu, j’t’embrouille.

Après avoir gagné des montagnes de bel argent, Borloo décide de se lancer en politique, et conquiert en 1989 la ville de Valenciennes, sinistrée. Borloo demande à Coencas de prendre la direction du club de foot local. Ce qui donne au match bidonné de 1993 l’apparence d’une reconstitution de ligue dissoute. Borloo est maire. Tapie est le patron de l’OM et grand corrupteur des joueurs de Valenciennes. Coencas est le proprio du club corrompu. Comme Coencas est un seigneur, dès qu’il apprend, officiellement du moins, les faits, il se précipite dans la chambre d’un joueur et lui dit: «Si tu me baratines, je te tire une balle dans le genou2…»
Poursuivons. Jean-Louis est riche, maire, et sera bientôt député. Mais nous sommes en 1990, grâce à un petit flash-back, à un moment de doute affreux. Mitterrand a été réélu en 1988, et Jean-Louis, qui n’est pas devin, se demande si la gauche ne va pas rester en place encore dix ans. C’est long.
En 1991, il entre dans une combine mitterrandienne connue sous le nom de Génération Écologie, avec Brice Lalonde et Tazieff, avant d’abandonner le rafiot comme on jette un Kleenex. C’est que la droite a de beaux postes à pourvoir. En 1993, le voilà député. Devenu UDF, il est porte-parole de Bayrou à la présidentielle de 2002, qu’il lâche aussitôt pour devenir radical, c’est-à-dire blanc à l’intérieur. Claude Chirac, la fifille, défend sa cause avec une belle ardeur auprès de papa, et Borloo devient tour à tour ministre de la Ville — comme le fut Tapie —, ministre de l’Emploi, ministre du Logement, etc.
Un esbroufeur, lui? Le 25 octobre 2005, il annonce la construction de 20000 à 30000 «maisons à 100000 euros» par an. Télés, radios, journaux, fanfare. Deux ans plus tard, on ne parle plus que de 800 maisons par an, pour 120 000 euros chacune. En avril 2009, un journaliste du Parisien rencontre à Nogent des gogos floués, qui se voient proposer des «maisons à 100 000 euros» qui valent en réalité 200 000 euros. Bah!
Tôt rallié à Sarkozy, Borloo devient en 2007 son ministre de l’Économie. Il est heureux, car c’est le meilleur tremplin pour Matignon, son ambition la plus avouable. Mais Juppé, battu aux législatives, libère malgré lui le ministère de l’Écologie, et Borloo est obligé de roquer, en pleurnichant dans les couloirs. Pour lui, l’Écologie est comme une rétrogradation. Mais il rebondit, car tel est le destin du bateleur de foire. Le Grenelle de l’environnement? Un triomphe, une « révolution écologique » que le monde entier nous envie. Le fiasco de Copenhague sur le climat ? Une «réussite extraordinaire». And so on.
Ce brave garçon entend se présenter au premier tour de la présidentielle de 2012, pour incarner une droite sympa, tutoyeuse, écolo à mort. Pour fixer un électorat qui se reporterait sur Sarko au second tour. Pour baiser Bayrou et les Verts. Pour entuber le monde entier en trinquant à la santé de la planète. Mais quel talent!


Extrait de l'article publié dans Charlie Hebdo n°937 [CLIQUEZ ICI]

Commentaires

grouptriangle

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