L'arabisation... L'esclavage...
Le système d'arabisation, instauré en 1979, est en train de donner ces fruits
maintenant ! Ceux qui l'ont choisi doivent être honnêtes, comme tout bon
Musulman, et donc évaluer les résultats de leur politique. Les militaires, leurs
idéologues Nasséristes et baathistes qui avaient le pouvoir à l'époque doivent
assumer leurs responsabilités face à cette arabisation à outrance du système
éducatif et dont nous vivons aujourd'hui les effets négatifs, surtout en termes
de mise en mal de l'unité. Ceux-ci ont sûrement tiré profit de cette
orientation. Lettrés en arabe, il leur fallait tout simplement venir des
brousses, faire un tour au Maroc et revenir pour être nommer directement Hakem,
Wali, magistrat ou Ministre ! Et voila les bergers d'hier prendre les commandes
de l'Etat. Si le français était obligatoire, ces derniers allaient devenir, au
plus, gardiens ou dockers ! En fait, se contenter de ces travaux réservés aux
Haratines.
Vendeurs arabes d'esclaves noirs
C'était une discrimination positive pour que ces centaines de fils de grandes
familles occupent la place qui sied à leur statut. Au lieu d'instaurer une
formation bilingue pour laquelle il faut beaucoup de temps, on opte pour un
raccourci qui consiste au changement du système pour eux. Et tant pis pour les
conséquences futures ! Résultat, nous avions obtenu deux systèmes
d'administrations : Une administration traditionaliste au centre, à l'est, et au
nord de la Mauritanie, des administrateurs sans grande culture, ni patriotisme
et aux services des féodaux esclavagistes qui trouvent en eux une force de
frappe les aidant à maintenir leur autorité héritée d'un passé peu glorieux.
Cette situation a pour conséquence l'exclusion des couches sociales qui n'ont
aucun accès à une administration qui, dans les faits, n'est pas là pour eux.
Voila pourquoi il n'y a eu aucun changement et que les esclaves qui constituent
la majorité de ces couches n'avaient d'autres choix pour se libérer que la
fuite. Au sud, une administration de type coloniale, ou des populations noires
sont dirigées par des Maures Blancs arabisants, complexés par leur ignorance et
leur incompétence, et souvent racistes. Ils considèrent les Négros africains
comme des étrangers et les Haratines des esclaves qui n'ont aucun droit. Voila
les raisons du rejet de l'arabe par ces populations négros africaines. C'est par
l'arabe par ailleurs que les Haratines étaient maintenus en esclavage. Les
Négros africains étaient mal traités, humiliés, déportés et dépossédés des
fruits de leur labeur par cette catégorie d'administrateurs. Pour les Haratines
de façon particulière, la réforme de 79 leur a été imposée comme on leur a
imposé le tribalisme et le racisme. De même qu'on les a manipulés pour affronter
les Négro-africains en 89. Pour ce qui est du système éducatif, il faut le
reconnaître, c'est un échec cuisant, puisque nous nous sommes retrouvés en fin
de compte avec deux écoles distinctes. Deux Mauritanies. Les Négro africains
font l'école Bilingue, les Maures font l'école arabisante et les Haratines
suivent leurs maîtres, qui décident pour eux, mais ne partagent rien avec eux.
Et voila qu'aujourd'hui au niveau de l'université nous avons deux systèmes
distincts : les porte-drapeaux de l'arabisation qui sont surtout des Maures et
les francophones qui sont des Négro africains. Ce qui est grave, très grave
même, est que cette divergence a un caractère ethnique clair. Nos décideurs qui
avaient pressenti l'échec au moment de l'instauration de cette réforme
séparatiste sont allés inscrire leurs enfants dans les écoles privées bilingues
et même à l'Ecole française. Les Haratines, pauvres suivistes, sont en train de
ramasser les pots cassés d'une scolarisation au rabais voulue par leurs Maîtres.
Ils récoltent les fruits d'une politique orchestrée en leur totale absence. De
toutes les façons, nous n'avons rien contre l'arabe, c'est la langue de notre
sainte religion et le vecteur de notre culture, mais c'est par l'arabe et la
religion qu'on nous asservit et il nous faut du temps et de la volonté manifeste
pour faire oublier que se sont les Cadis, les préfets, les gendarmes, les
directeurs d'écoles et les autres gouvernants, tous éduqués en arabe, qui nous
ont gardés dans cette situation. L'Etat n'a servi jusqu'à présent que ces
esclavagistes qui ont toujours fait de l'esclavage un fond de commerce. Les
chefs de tribu sont surtout des maîtres qui ont été soutenus matériellement et
politiquement par l'Etat pour garder leurs sujets. C'est au nom de ces esclaves
qu'ils demandent des puits des digues, des écoles, des dispensaires, des
mahadras, des mosquées... Messieurs les esclaves, « je suis à votre service,
j'ai tout fait pour vous », mais, ce qu'il ne dit pas c'est : « gare à celui qui
s'oppose à moi ou qui n'obéit pas à mes caprices ». Et, en définitive, tout est
au nom du chef c'est lui le propriétaire des terrains. Voilà le résultat de
l'arabisation et voila ce que nous reprochons à l'arabe et c'est la raison pour
laquelle nous sommes passifs ces derniers jours !! L'avenir de la Mauritanie
nous inquiète beaucoup,
mais nous ne sommes pas des Mauritaniens comme tout le monde.
Nous avons un problème de statut d'abord ! Qui sommes-nous ?
Comment peut-on
rattraper ce retard ?
Tant que nous sommes considérés comme une chasse gardée
pour nos anciens maîtres, qui trouvent en nous le moyen indispensable pour se
réclamer majorité, en nous refusant en même temps d'être au moins la minorité de
la majorité, le statut du Haratine restera indéfinissable. Sa redéfinition doit
commencer par notre reconnaissance en tant qu'entité à part, Négro africains par
origine et même cousins directs des Négro africains; arabes de Mauritanie par
culture et alors cousins des Maures blancs. Nous sommes alors le ciment de
l'unité nationale. Si nous considérons que la Mauritanie est un trait d'union
entre le Monde arabe et l'Afrique noir, les Hratines sont le trait d'union entre
les Maures blancs et les Négros africains de Mauritanie. Voilà le statut que
nous réclamons, et nous avons toutes les prédispositions pour l'assumer !! Et
pour la langue, nous exigeons l'enseignement de l'arabe pour tous les
Mauritaniens, mais le français et/ou l'anglais obligatoires pour tous, nous
voulons produire des Mauritaniens aptes a travailler dans les institutions
internationales, nous voulons être présents dans le monde par notre savoir, à
l'image de Abdallahi Ould Boyé, Ahmedou Ould Abdalla et Toka Diagana... Nous ne
pouvons pas être plus arabes que les Egyptiens et les Tunisiens. Ils sont de
parfaits bilingues tout en restant arabes. Nous voulons une société où les
médiocres n'ont pas de place. Fini le temps de l'ENAP (école d'administration au
Maroc) et ses semblables en Egypte et en Iraq.
Par, Brahim Ould Bilal Ould ABEID
Professeur de Philosophie
Vice-Président SOS DISCRIMINES

Commentaires
Enregistrer un commentaire