L'ethnicisation du pouvoir

L'ethnicisation du pouvoir, gage de garantie de sécurité en Afrique ..!?

En Mauritanie et comme dans bon nombre de pays africains, les noms de famille constituent un indicateur important pour situer la provenance et l’origine d’une personne. A la simple mention de votre nom, les gens parviennent à déterminer vos origines : Gorgol, Assaba, Brakna, Guidimakha, Dakhlate-Nouadhibou, Tagant, Hod El Charghui etc... Comme les différentes nominations aux postes politiques se passent dans les médias publics et privés, les personnes ne sont pas souvent surprises d’entendre que tel conseiller du président en matière de sécurité ou que le chef d’état-major de l’armée sont originaires de la même région ou du même village que le président ou que n’importe quel responsable politique.

C’est devenu coutumier : les gens comprennent que tel ou tel dirigeant politique ou responsable gouvernemental s’entoure de ses proches pour conduire les programmes politiques du pays. Il en va de sa sécurité, disent-ils.

Depuis l’indépendance de la Mauritanie, s’entourer de ses proches pour exercer le pouvoir, c’était comme une chose ordinaire et compréhensible, afin de garantir sa sécurité et d’exercer son pouvoir sans peur.

Cette situation s’est amplifiée pendant le règne de Maaouiya : la majorité de personnes qui gravitaient autour de lui provenaient de l’Adrar, sa région natale. Il en va de même de la plupart des officiers de l’armée qui sont originaires de sa région.

Cette pratique, s’entourer des plus proches membres de sa famille, est perçue comme normale, du plus grand au plus petit ; même dans les différentes régions, les gouverneurs, les responsables urbains ou les chefs des quartiers "les hayakle" ont acquis les mêmes habitudes de se faire entourer de leurs proches pour garantir leur pouvoir. Parfois, certains chauffeurs des dirigeants, ou leurs domestiques, sont mieux considérés que certains conseillers, parce qu’ils fournissent des informations précieuses à leurs chefs et sont souvent cousins ou beaux-frères du dirigeant.

Il existe en Mauritanie deux pouvoirs : l’un est officiel, connu de tous les peuples et de la communauté internationale, et l’autre est occulte, et réel, et ce pouvoir est souvent aux mains des plus proches et des membres de la famille du dirigeant.

D’ailleurs, ne dit-on pas que le vrai pouvoir est réel quand l’on détient la sécurité, l’armée et les finances ?

Les perdants aux élections pourront-ils comprendre qu’ils ont perdu et abandonné le pouvoir aux gagnants en estimant qu’ils ne sont pas exclus du système dominé par une certaine ethnie, un clan ou une famille ?