L'Almany Samory Touré
L'Almany Samory Touré (1830-1900)
LES PREMIÈRES ANNÉES
Samory Touré serait né en 1830 à
Miniambaladougou qui se trouve dans l'actuelle Guinée.
Il commence sa carrière comme un
commerçant qui tire profit des échanges trans-océan qui mêlaient notamment les
échanges d'or, la traite des esclaves ainsi que le commerce des armes.
Ce commerce lui a permis de
s'enrichir, de se constituer un stock d'armes pour la guerre, la puissance
financière lui permettant de réunir autour de lui des personnes dépendant de
lui pour leur propre enrichissement, personnes dévouées et très ambitieuses.
En 1850, le conquérant Moriulé Cissé
capture la mère de Samory Touré, Masorona Kamara, et Samory est obligé de
s'engager au service de celui-ci pour obtenir la libération de sa mère. D'après
la légende il y aurait passé "7 ans, 7 mois et 7 jours" avant de
prendre sa mère et de s'enfuir avec celle-ci.
Ce passage chez Moriule Cissé lui aura
permis d'apprendre le maniement des armes, de se montrer un bon soldat et
guerrier, et donc de découvrir que sa vocation est la guerre plus que le
commerce.
On peut dire que c'est le début de
l'ascension de Samory Touré.
L'ENGAGEMENT MILITAIRE
A son retour chez lui, il s'engage
dans l'armée des Bérété (qui étaient des ennemis des Cissé, mais n'y passe que
dans ans avant de retourner vers son peuple, les Kamara.
Il est nommé Kélétigui (chef de guerre) au cours d'une cérémonie durant laquelle il prête serment, et promet de protéger son peuple contre les Bérété et les Cissé.
La carte de l'empire du Wassoulou
Il crée une armée de métier
pilotée par des hommes en qui il a une extrême confiance (ses frères, puis ses
amis d'enfance, et ses fils par la suite), et commence la conquête qui mènera à
la formation future de son empire, le Wassoulou, dont la capitale sera
Bissandougou, empire qui s'étendra (d'ouest en est) à son apogée de la
Haute-Guinée à la Haute-Volta (qui s'appelle aujourd'hui Burkina-Faso), en
passant par le nord de la Côte d'Ivoire. La forêt tropicale au sud et le Sahara
au nord formaient les autres limites de son empire.
Pour mener cette conquête, Samory
Touré se montrera habile guerrier, mais aussi et surtout fin diplomate et
habile stratège. Les campagnes de Samory lui vaudront de passer pour un
sanguinaire auprès de nombre des battus.
Les sociétés traditionnelles des
peuples battus sont certes conservées, mais elles sont coiffées par une
administration militaire qui prélève un lourd tribut, et qui lève des hommes
pour l'armée.
Mais surtout, les populations
animistes sont islamisées au passage, et Samory Touré prend d'ailleurs le titre
d'Almany (commandeur des croyants).
LA RÉSISTANCE AUX COLONS
A partir de 1880, Samory Touré va
se heurter aux colons anglais et surtout français, qui voulaient pénétrer
l'intérieur du continent africain, notamment les français qui voulaient faire
la jonction entre leurs colonies du Sénégal et de Côte d'Ivoire.
Son prestige devint immense quand
il défit à plusieurs reprises les colons français, notamment lors de la
bataille de Woyowayanko le 2 Avril 1882, malgré la supériorité des français qui
disposaient d'artillerie lourde.
Il joua plus tard le diplomate en
tentant sans succès d'opposer les français et les anglais, mais signa néanmoins
plusieurs traités avec les français, envoyant même l'un de ses fils en France.
Il tenta également de limiter son
retard technologique en demandant à des artisans de copier les armes achetées
ou confisquées aux européens.
Il popularisera le concept de
"stratégie de la terre brûlée", qui consistait à tout raser sur son
chemin, afin de freiner la progression de l'ennemi. Il s'agissait évidemment de
guérilla plus que de guerre, mais compte tenu de l'infériorité technologique
qui demeurera, il lui était difficile de jouer l'affrontement frontal.
Ceci dit, il a pu mettre en échec les colons français pendant plusieurs années grâce à cette stratégie et à sa clairvoyance militaire.
Samory Touré (flèche rouge) et ses femmes en captivité
LA CHUTE
Malheureusement, la cohésion dans
son empire constitué (et surtout islamisé) de force fit défaut. Une
"guerre du refus" agitera même le royaume en 1889, menée par des
subordonnés animistes, qui étaient contre l'islamisation forcée. Sa famille se
déchirera sur la question de négocier ou non avec la France, et Samory fera
même exécuter le fils qu'il avait envoyé en France dans le passé.
Sa stratégie de la "terre
brûlée" montra des limites face aux généraux français qui apprendront à en
limiter les effets, et Samory commit l'erreur de vouloir étendre son empire par
le Nord de la Côte d'Ivoire, ce qui était au-delà des forces de son Empire,
dépourvu d'armes et d'alliés.
Trahi par les siens alors qu'il
négociait sa capitulation, il fut arrêté le 29 Septembre 1898 par le Commandant
Gouraud, et fut exilé au Gabon où une pneumonie l'emporta le 2 Juin 1900.
Le 28 Septembre 1968 ses cendres seront ramenées en Guinée, alors dirigée par Sékou Touré, qui serait un de ses arrières petits fils.
Samory Touré est honoré par un billet de banque guinéen
CONCLUSION
Figure légendaire de la résistance
à la colonisation, Samory Touré aura pu marquer des points décisifs contre le
colon, et s'avérera être un fin stratège.
Et si les colons n'ont vu en lui
qu'un être sanguinaire, les lutteurs pour l'indépendance de l'Afrique quelques
années plus tard verront en lui un héros.
Pour finir, un avis sur Samory,
plutôt élogieux, tenu par un de ses adversaires, le général français Albert
Baratier:
« Il
n’est pas exagéré de dire que Samory s’est montré supérieur à tous les chefs
noirs qui ont été nos adversaires sur le continent africain. Il est le seul
ayant fait preuve des qualités caractérisant un chef de peuple, un stratège et
même un politique. Conducteur d’homme, en tout cas il le fut, possédant
l’audace, l’esprit de suite et de précision et, par-dessus tout, une ténacité
irréductible, inaccessible au découragement »
Albert Baratier
Biographie d'un grand guerrier
africain synonyme de la résistance au colonisateur
Par
Hervé Mbouguen





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