Naissance et déclin de l'empire du Mali
HISTOIRES
Naissance et
déclin de l'empire du Mali
Il y a plusieurs
siècles, Soundiata Keita créa l'empire du Mali, un des plus grands que
l'Afrique ait connu
L’Afrique
d’aujourd’hui n’en porte plus aucune trace. Seuls sont restés les noms des Rois
et les témoignages des voyageurs.
Pourtant, il y a
des siècles, un membre du clan Malinké, Soundiata Keita, a donné naissance à
l’empire du Mali, l’un des plus grands que le continent ait connu.
A son apogée, le
territoire impérial occupe le Sénégal, le Mali et le Ghana actuels.
Naissance d’un empire
« De
même que Dieu a offert la Terre aux Hommes, Dieu a offert l’Afrique aux
Européens ». Ces termes, à peu de
chose près, sont ceux de Victor Hugo. Ils reflètent de manière claire l’image
arriérée qu’a pu être celle du continent africain. Un tel point de vue de la
part d’un homme éclairé comme Victor Hugo laisse augurer du pire en ce qui
concerne les Français « lambda ». Pour la plupart, il n’existe aucune trace de
civilisation policée sur le continent africain. Pour une très grande partie des
Français, l’Histoire de l’Afrique débute au moment de la colonisation
européenne. Ils ont tort.
L’Afrique a connu
l’une des civilisations les plus glorieuses de l’histoire de l’humanité :
l’empire du Mali. Il est difficile de nommer avec exactitude les éléments qui
ont permis la naissance de l’empire. Néanmoins, certains faits ont bien
contribué à sa création. Un métissage culturel est né de la rencontre entre les
guerriers du désert, les agriculteurs et les peulhs transhumants. La
localisation précise de cette rencontre a permis la constitution de villages au
Néolithique.
Dans ce contexte,
un important brassage intercommunautaire et interethnique s’est produit. Sur ce
terreau fertile est né l’empire du Ghana. Les apports extérieurs tels que
l’islam et l’Ecriture apportés par les Arabes ont consolidé et fortifié
l’empire naissant. L’empire du Ghana devient la première fédération de royaumes
centralisée et organisée. L’empire du Mali est l’héritier direct de cette
civilisation.
L'empire du Mali au 14ème siècle
(metmuseum.org)
Jusqu’au XIème
siècle, la région du Manding, au sud-ouest de l’actuelle Bamako, est dirigée
par trois clans Malinkés : les Camara, les Condé et les Keita. Ce dernier clan
soumet les deux précédents. Les Keita marquent leur différence par deux actes
majeurs : ils se convertissent à l’islam et surtout, refusent toute obéissance
à l’empire du Ghana. Au XIIème siècle, Naré Maghann Konaté, roi du Manding et
père de Soundiata Keita, cherche une alliance avec les royaumes voisins pour
contrer les raids des nomades du Sahara.
Le véritable essor du Mali s’effectue un siècle plus tard. A la même époque, au Nord, Soumaoro Kanté, roi du Sosso, réduit à l’obéissance les états voisins. Le souverain du Nord ne fait plus de secret sur les projets qu’il entretient. Il souhaite la soumission du Mali. En 1230, le nouveau roi du Mali organise une armée de 10 000 cavaliers et 100 000 fantassins. En 1235 et après plusieurs batailles, Soundiata Keita défait Soumaoro Kanté Kirina. A partir de ce moment, plus rien n’arrête les conquêtes de Soundiata Keita. Il conquiert tous les royaumes du Mali qu’il unifie pour former l’empire du Mali. Le souverain de la province du Mali devient « Mansa », Roi des Rois. Jusqu’à sa mort en 1255, l’Empire connaît une époque de paix et de prospérité.
Diriger un empire
Soundiata Keita
établit sa capitale, Niani, à la frontière actuelle du Mali et de la Guinée.
Pour maintenir l’unité et le bon fonctionnement du territoire l’empereur édicte
des règles. Le « principe de gouvernance » pour reprendre l’expression de
l’encyclopédie Universalis ne diffère pas beaucoup de celle de l’empire du
Ghana. Soundiata adapte sa gouvernance à son époque. Il respecte la pluralité
et la diversité de chacune des ethnies qui composent le territoire. Il opère de
profondes mutations sociales.
L’empereur malien
institue différentes classes sociales : les nobles, différentes classes
d’hommes libres et des dépendants. Plus tard, au XVème siècle, marchands et
lettrés viennent étoffer le tissu social et combler le fossé entre la noblesse
et les classes inférieures. Le pouvoir politique est largement décentralisé.
Cette décentralisation est le fait de Ko Madi, l’aîné des fils de Soundiata
Keita. Au centre se trouve une zone soumise à l’administration directe du Roi.
Le reste du territoire impérial est divisé en plusieurs provinces. A la tête de
chaque province se trouve un Diamanatigui ou Farba. Ce personnage fait office
de gouverneur de province.
Les provinces
elles-mêmes sont divisées en cantons et en villages. Au sein du village,
l’autorité est hiérarchisée. Un chef politique, parfois doublé d’un chef
religieux, administre la communauté villageoise. Le Farba, garant de l’autorité
du Roi supervise l’autorité des chefs villageois et relaie l’autorité de
l’empereur.
Exposition sur l'art malien du 15ème au 20ème siècle au metropolitan museum of art de New-York
Le Farba prélève
le tribut destiné à l’empereur et est même habilité à mobiliser des hommes en
cas de guerre. A la périphérie de l’empire se trouvent différents royaumes. Ces
derniers ne sont pas liés à l’administration centrale. En revanche, ils reconnaissent
l’hégémonie de l’empire en envoyant des tribus régulièrement. L’empire du Mali
est bien régulé. Les souverains du Mali ont bâti un système économique et
social efficace qui ne lèse aucune des ethnies qui composent l’empire.
Le célèbre
voyageur arabe Ibn Battuta a loué au XIVème siècle l’excellente administration
de l’empire. Selon l’auteur, la sécurité de tous est assurée et le sens de la
morale du souverain est tel que toute injustice, même la moindre, est châtiée
avec la plus grande sévérité. De plus, l’auteur souligne la grande religiosité
de la population qui se rend en grand nombre, tous les vendredis à la mosquée.
Les voyageurs
occidentaux qui se rendent au Mali font le même constat, l’empire du Mali n’a
rien à envier aux plus puissantes monarchies européennes. La puissance de
l’empire malien repose en grande partie sur les grandes ressources aurifères de
la région. Cet or permet aux Mansa, les empereurs maliens, d’assurer et de
conforter leur politique expansionniste. La prospérité de l’empire repose aussi
sur le commerce trans-saharien du cuivre, du sel et des étoffes. Au XIVème
siècle l’empire atteint son apogée.
La ville de Djenné dans l'actuel Mali à la fin des années 80
L’empire influe
sur la destinée des peuples de la savane environnante, de l’Atlantique jusqu’en
pays haoussa. Seuls les Dogons et les Mossi restent indépendants. En 1324, le
Mansa Moussa (1312-1337) effectue un pèlerinage très remarqué à la Mecque. Les
auteurs arabes racontent que durant son pèlerinage, le souverain emmène des
milliers de serviteurs et d’esclaves. De plus, il emmène avec lui et dépense
des dizaines de tonnes d’or. Une quantité d’or qui fait baisser le cours de
l’or au Caire durant des années. Le Mansa ramène avec lui des érudits, des
artistes et des commerçants.
Ces derniers
contribuent à la création d’un lien fort entre le Mali et l’Egypte. L’un des
érudits qui accompagnent le souverain se nomme Abu-Isack-es Saheli. L’homme,
originaire de la ville de Grenade, est l’architecte de la Mosquée de
Tombouctou. Cette dernière, ainsi que Dao et Djenné deviennent de grands
centres culturels et économiques à l’apogée de l’empire.
La fin de l’empire
Après le règne du
Roi Moussa, l’empire vacille. Du successeur de Moussa, Mansa Souleymane qui
règne de 1341 à 1360 environ, on sait peu de choses. La décadence de l’empire
commence par ce dernier. Suivent les règnes de Mansa Maghan et de Moussa II,
son fils. Mansa Maghan (1360-1374) écrase le peuple sous une multitude d’impôt
et dépense sans compter les ressources de l’Etat. Moussa II tente d’inverser la
tendance, mais il n’y arrive pas. Le pouvoir appartient à son grand vizir. A la
fin du règne de Moussa II, l’empire se décompose, des états tels que le Songhaï
se déclarent indépendants. Les Mossi et les Touaregs envahissent l’Est du pays,
réduisant le territoire du défunt empire. A la fin du XVIIème siècle, l’empire
du Mali, naguère puissant, n’existe plus.





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